L'aspect du village et des environs aurefois
Qui voit La Motte avec ses maisons de village rénovées et ses petits vignobles proprets au pied du Luberon a peut-être du mal à imaginer le village autrefois: il n'est pas trop difficile d'éliminer "mentalement" toutes les constructions récentes ( l'air de rien, cela fait tout de même du vide, comme le montrent les photos); mais il faut aussi imaginer des rues peu ou pas goudronnées, avec , en été, de superbes roses trémières qui poussaient le long des maisons - aux façades certes moins bien entretenues et moins propres.
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Le village était plus animé et n'était pas un village-dortoir ou un village de résidences secondaires; la majeure partie des habitants était des agriculteurs dont la maison était aussi l'outil de travail avec les remises, les écuries ; plusieurs de ces dernières, n'ayant plus d'utilité avec la motorisation ont été dans un premier temps abandonnées et dans un deuxième vendues à des "étrangers" au village. Il faut alors imaginer la circulation des hommes et des bêtes se rendant aux champs, des enfant s courant et circulant librement dans le village .
Pas d'égout, pas de station de traitements des eaux usées, mais des dames passant tous les matins avec , dans une main, un broc qu'elles remplissaient d'eau à la fontaine près de la boulangerie , une petite "escoube" ( la balayette), qui servait à nettoyer le seau hygiénique préalablement vidé dans un trou collectif creusé un peu à l'écart.... Des remises ou des portes d'écurie s'ouvrant pour laisser passer le cheval ou le mulet qui permettait de travailler les terres, charrier les comportes de raisins. Vous auriez sans doute peine à imaginer le nombre de ces animaux résidant dans le village: d' ailleurs, d'ici peu, vous allez en avoir une cartographie...
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Quant à nos odorats contemporains si soucieux d'"air pur" grâce aux bombes désodorisantes, ils auraient eu un malaise... cela allait de pair avec les rideaux à mouches, les rubans collants enduits d'une espèce de glu pour attraper lesdites mouches; et quand l'une d'elles atterrisssait dans un bol de lait, personne n'aurait songé à s'en formaliser: on éliminait simplement l'importune... Pas question de jeter bien entendu le lait à une époque où tout était récupéré: les bouts de ficelle, les clous - même un peu tordus - les bouteilles - que nous avons vues comptabiliser dans l'héritage établi par un notaire. D'ailleurs, souvent , la cuisine était séparée de l'écurie par un "rideau" de "bourras" ( sacs de jute pour les patates...) Quand la plupart des écuries ont disparu - souvent rachetées pour faire des logements, certains - dont les nouveaux arrivants , faisaient la moue devant l'odeur des tas de fumier; mais avec la raréfaction des ânes, chevaux, mulets, on a alors assister au spectacle inverse des mamés se précipitant avec la pelle et la balayette pour récupérer le précieux crottin destiné au potager ou aux fleurs.
La campagne environnante ne présentait pas que cet aspect de vignobles, de friches et de bois que nous connaissons aujourd'hui; certes, le sol était pauvre et caillouteux, mais d'autres cultures que la vigne et l'olivier existaient: les cerisiers, les amandiers, les noisetiers... De plus, la présence de canaux d'irrigation, même petits permettaient l'existence d'une zone" verte" et de potagers.
Les jardins familiaux étaient arrosés grâce au circuit de l'eau de Mirail à la Bonde: il décrivait des boucles,passant à Belle-Etoile, un peu à St Martin, puis revenait à La motte avant de finir à la Bonde. Grâce à lui, au moins deux moulins tournaient:celui de Langesse et velui dont on voit encore des traces d'alimentation, sous la maison de M. Fabre.
Il y avait des jours pour arroser, de façon à répartir justement l'eau entre tous les riverains; maus certains se servaient plus que d'autres.... Losque le canal n'était pas loi, on traçait des rigoles pour avoir accès à son eau - dont il se perdait quand même une certaine quantité.
Le canal faisait le bonheur des gamins pour qui c'était une piscine avant l'heure.; on s'en servait aussi pour laver le linge ( lavoirs à Belle-Etoile et à La motte). Mais quand les étés étaient très secs, il restait bien peu d'eau. Petit à petit, le canal a été abandonné. Lorsqu'il a été modernisé, il fallait installer des prises d'eau: beaucoup de riverains ne l'ont pas fait , parce qu'ils avaient de trop petits jardins.
Les vignes occupaient déjà une bonne partie des sols; les pieds étaient travaillés à la pioche;des hommes gagnaient d'ailleurs leur vie en louant leurs bras et leurs pioches: pour faire les trous de plantation ou pour entretenir les arbres ou arbustes.
Des variétés cultivées comme le chasselas ou le gros vert faisaient la réputation du vignoble; aujourd'hui, ces variétés ont été abandonnées parce que non rentables. La mévente du raisin de table a entraîné l'abandon de plusieurs parcelles; il est aujourd'hui remplacé par le raisin de cuve.
Les vendanges commençaient alors début octobre: elles sont avancées aujourd'hui: est-ce à cause des nouvelles variétés? des engrais?
Les raisins de cuve étaient entassés dans de grandes caisses à vendanges en bois. Jusque vers 1955, ces caisses étaient emmenées à la cave par des chevaux de trait dans une remorque appelée " trinqueballe" ( par analogie probablement avec l'engin qui servait à tirer les canons: "triqueballe"
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Difficilement croyable aujourd'hui, mais il y avait des vaches dans le village: avant et pendant la guerre, Langesse a abrité un troupeau de vaches; un oncle de Mireille Dumond, qui travaillait au domaine- avait ses propres vaches - dans une remise au centre du village. Vers l' Arcade, il n'y avait que des prés et une longue allée de mûriers d'un côté du ruisseau; Mireille revoit encore son grand-père plongeant la bouteille dans la rigole d'arrosage pour la maintenir au frais.
A la sortie de La Motte, juste après une maison ombragée d'un marronnier se trouvait un troupeau, accompagné même d'un taureau, si, si! mais en 1945 - ou 46- la pauvre bête, après avoir effrayé les enfants, a fini en daube - partagée dans un grand festin villageois sur la place , après avoir été trainée par terre sur ladite place avant d'être dépecée.
Des jardins potagers existaient dans toutes les familles, mais c'étaient plutôt les grands-parents qui s'en occupaient, ainsi que des fleurs. Plusieurs se souviennent des gros massifs de marguerites blanches, de quantitié de zinnias, cosmos, dahlias .... sans oublier les fleurs cultivées pour le cimetière.