Document sans-titre

Autrefois l'école:

Avant les bâtiments que nous connaissons aujourdh'ui près de la mairie, l'école a connu deux autres adresses:

- à l'intérieur du village

- sur la place des aires, nettement moins encombrée par les voitures: ces bâtiments abritent aujourd'hui notre association; sur la photo , avec de la bonne volonté, vous pouvez distinguer dand le fond un champ d'oliviers - remplacé aujourd'hui par un terre-plein qui sert de parking annexe. Les anciens élèves se souviennent encore du poêle à charbon, protégé par une grille - et de la réserve à charbon sous le bâtiment - des lampes que l'on descendait plus ou moins pour éclairer le travail des écoliers. Ah! Qui, de ceux qui ont dans les soixante ans et plus, n'est pas ému en se souvenant du remplissage des encriers de porcelaine, encastrés dans les pupitres ? Et surtout de toutes les joies que cela occasionnait : les belles traces bien visibles le long des doigts, le hanneton capturé juste avant la classe et qui effectuait malgré lui un plongeon dans cette piscine improvisée; comme vous l'imaginez, le vol du bourdon qui s'ensuivait évoquait plutôt Van Gogh que Rimsky- Korsakov..... N'en déduisez cependant pas que la classe était une pétaudière...

Le jour de la rentrée se faisait avec moins de mal, car, étant en octobre, (travaux des champs obligatoires dans une France encore rurale, où l'aide des gamins était utile), il lui arrivait souvent d'être pluvieux. Pas de souci si l'école n'avait pas de gymnase: bien que l'enseignant soit tenu de passer une épreuve de gymnastique pour son C.A.P., il ne faisait pas beaucoup pratiquer cette discipline à ses élèves, l'ayant lui-même fort peu pratiquée. Les élèves n'en étaient pas moins marqués par une tenue sportive, comme celle d'un inspecteur venu en pantalon de golf faire passer son examen à une institutrice.

A l' époque, pas de classe maternelle - ni d'installation correspondante: seuls les enfants entre 5 et 6 ans étaient tolérés et passaient leur temps à des travaux simples: par ex. faire des piquages avec une aiguille dans des cartons; avec 29 élèves de plusieurs niveaux, l'instituteur n'avait pas beaucoup de temps à consacrer aux plus petits. Que faisaient ceux-ci? Ils suivaient parents ou grands-parents: ainsi, lorsque père et mère travaillaient aux champs, ils emmenaient pour les plus petits une espèce de corbeille en hauteur - que l'on accrochait à un arbre et dans laquelle l'enfant pouvait gigoter - un peu - mais pas s'en aller; il était à l'ombre et n'avait pas besoin de surveillance..

D'ailleurs, même si les têtes brûlées existaient, la discipline posait nettement moins de problèmes qu'aujourd'hui: les élèves étaient soigneusement rangés avant de rentrer en classe; pas question d'entendre un murmure ; l'instituteur, posté devant l'entrée avec un règle de bois ou de fer vérifiait l'état des mains et des cheveux (pour éviter la propagation des poux); gare à celui qui avait oublié de gratter le noir sous les ongles ou qui gardait sur ses mains les traces de ses activités précédentes! Un bon coup de règle sur les doigts lui inculquait durablement le sens de la propreté. ....Inutile de dire que non seulement, on n'insultait ni ne menaçait son enseignant, mais encore qu'on lui disait très poliment bonjour.... N'oublions pas que chaque jour, à l'entrée dans la classe, les élèves avaient sous les yeux, au tableau, une leçon de morale et de conduite dans la vie sociale....

La vie quotidienne de ceux qui étaient écoliers pendant la guerre de 1939-45 a été marquée par ces événements, même s'ils n'y étaient pas directement impliqués.

L'influence de la guerre dans la vie quotidienne des enfants:

Dans les jeux: pendant les récréations, les enfants jouaient à la guerre: les garçons avaient le rôle des combattants et les filles jouaient les infirmières, soignant les blessés.

Dans les costumes:

Des résistants du village réceptionnaient des envois parachutés au maquis; les parachutes étaient cachés dans un puits à sec. Après la Libération, en un temps où le tisssu restait fort rare, ces parachutes ont fait le bonheur des mères de famille qui ont pu tailler toutes sortes de costumes; les blancs brillants permettaient de faire des dessous, les verts fournissaient de superbes chemisiers; quant aux parachutes plus légers, rouges , bleus ou kaki, ils procuraient des doublures de manteaux idéales...

Les ronds noirs en mousse de caoutchouc placés sous les fesses des parachutés pour amortir les chocs étaient transformés avec profit en rehausseurs pour les sièges d'enfants.

 

Les vêtements bénéficiaient de trésors d'invention pour durer le plus longtemps possible; les chaussures tenaient à la fois de sabots et de chaussures. Combien d'enfants ont connu la robe en laine qui a été transformée en pull, puis en brassière? La carrière du vêtement ne s'arrêtait pas là: la robe devenait ensuite chaussettes, pour être détricotée une nième fois, avant de finir dans un ensemble à rayures, avec d'autres pelotes de laine qui avaient connu le même itinéraire. Mireille se souvient ainsi d'une belle robe bleue à trous-trous, achetée à Pertuis, qui avait fait une ou deux saisons de plus grâce à un rajout de tissu prélevé sur un vêtement qui ne pouvait plus se suffire à lui-même. Mais l'hygiène et la bonne tenue étaient soigneusement respectées, instituteurs et institutrices se chargeant de vérifier que chaussures et mains étaient correctement entretenues.

La découverte du chewing-gum date de cette époque, mais elle a suscité d'abord une certaine prudence; ainsi, Mireille, envoyée avec un cousin de treize ans à Avignon pour se faire opérer des amygdales, a vu passer un train de soldats américains qui leur ont jeté des chewing-gum: méfiance! A La Motte, il n'y avait pas de soldats américains - ni de chewing-gum.... " Goûte d'abord, dit-elle au cousin, tu es le plus grand!".

Par contre, dans le village, les en,fants jouissaient d'un grand espace de liberté: ils circulaient sans arrêt dans La Motte, dont les rues n'étaient pas toutes goudronnées, se fâchaient, se réconciliaient...

 

SUITE