Document sans-titre
Le club lecture
 

Son fonctionnement:

Les personnes intéressées se réunissent autour d'une table, chacune apportant un ou plusieurs ouvrages dont elle va proposer la lecture aux autres. Les ouvrages sont défendus par leurs "avocats"; à la suite des plaidoieries, un vote est établi pour fixer les ouvrages à lire dans un trimestre ( les livres tournent et s'échangent). A la fin de chaque trimestre, nouvelle réunion pour discuter de tous les livres lus et en établir une sorte de classement.

Voici les livres retenus pour l'année 2007-2008:

1er trimestre

Les nouvelles enquêtes du juge Ti - Guide de survie d'un juge en Chine - Frédéric Lenormand ( Fayard - 15,20 euros)

Les cerfs-volants de Kaboul - KHaled Hosseini ( 10/18 domaine étranger ; 8,50 euros)

Terre des oublis - Duong Thu Huong ( livre de poche; 8,50 euros)

Réunion prévue le vendredi 5 décembre 2008 à 9h45 chez Nicole Bertrand

2ème trimestre

Les hirondelles de Kaboul - Yasmina Khadre ( Pocket ; 5,40 euros)

Le boulevard périphérique - Henri Bauchau (Actes Sud; 19,50 euros) . Prix du livre Inter

Un lieu incertain - Fred Vargas ( Viviane Hamy - coll. Chemins nocturnes - 18 euros)

Réunion prévue début mars

3ème trimestre

Lignes de faille - Nancy Huston ( Livre de poche - 9,50 euros)

Légende d'une servante - Paula Fox ( Folio - 7,90 euros)

Anges et démons - Dan Brown ( Pocket thriller) - 7 euros)

Réunion prévue fin mai ou début juin

Rappel des livres choisis en 2006- 2007 et commentaires

Premier trimestre:

- L'immeuble Yacoubian -Alaa El Aswany ( Actes Sud 22 euros)

- La pluie d'été - Marguerite Duras ( Gallimard Folio - 4,90 euros)

- Rue des Bons Enfants - Patrick Cauvin

Deuxième trimestre:

- Suite française - Irène Némirovsky - Gallimard Folio - 7,80 euros)

- L'été meurtrier - Sébastien Japrisot ( Gallimard Folio policier- 7 euros)

- La femme aux lucioles - Jim Harrison - ( 10/18 Domaine étranger - 6,90 euros)

Troisième trimestre:

- L'ombre du vent - Carlos Ruiz Ruizzafon ( Livre de poche - 7,80 euros)

- Astachev à Paris - Nina Berbérova ( Actes Sud - 8,30 euros)

- La servante écarlate - Margaret Atwood ( J'ai lu - 6,40 euros).

Compte-rendu de la réunion du 19/12/06 par Josette Mathiot

Ayant adopté un nouveau fonctionnement, nous avons tenu la première réunion trimestrielle de la saison le lundi 19 décembre dernier, chez Nicole Maurel , que nous remercions chaleureusement pour son accueil sympathique. Nous étions huit présents autour de la table et deux des membres nous avaient laissé des remarques écrites. La discussion a été méthodique, animée et fructueuse.

Nous avons commencé notre échange avec le roman d' Anna Gavalda: " Ensemble, c'est tout"

Malgré les réserves émises par deux des lecteurs sur le style, jugé bâclé, voire vulgaire, le livre a beaucoup plu. Le style précisément a été apprécié par une majorité d'entre nous: vivant, jeune; les dialogues sonnent juste, reflétant la personnalité de chacun des protagonistes. Les personnages, notamment Camille, le jeune femme dépressive, ont suscité de nombreuses réflexions, ainsi que les liens qu'ils tissent entre eux.Quant à l'histoire, elle a été jugée attachante, optimiste. Pour conclure avec l'une d'entre nous: " Ensemble, ils se redressent".

"Leïla, mariée de force"nous a entraînés dans un autre univers. Ce livre recueille le témoignage d'une jeune femme tiraillée entre deux cultures - celle reçue à l'école, en France - et celle imposée par sa famille d'origine marocaine, avec son lot d'interdits, de contraintes pesant sur les filles. Le livre a beaucoup intéressé la majorité des lecteurs et frappé par le climat de violence qui s'en dégage. Violence ( morale et physique) faite aux filles qui ne se soumettent pas au modèle traditionnel. Violence du mariage forcé. Mais aussi violence de Leïla contre les autres et surtout contre elle-même. En bref, une dénonciation au vitriol d'un certain modèle familial et culturel, non dépourvue de complexité en raison de l'attitude ambiguë de la jeune femme qui ne parvient pas à trouver son autonomie.

Enfin, avec " Le Visiteur" d' Eric- Emmanuel Schmitt, nous partons à Vienne en 1938. Cette pièce de théâtre en un acte met en scène quatre personnages, dont principalement Freud, le père de la psychanalyse au soir de sa vie, et un mystérieux visiteur. Entre ces deux personnages s'instaure un dialogue déroutant, parfois cruel, souvent plein d'humour. L'intérêt de ce "dialogue philosophique" a amené les lecteurs à relever de nombreux passages qui ne pouvaient tous être cités.

En voici un bref florilège:" Le mal, c'est la promesse qu'on ne tient pas"

" La vanité ne connaît pas l'angoisse."

"Le moment où j' ai fait les hommes libres, j'ai perdu la toute-puissance et l'omniscience" ( le visiteur à Freud).

Ce texte, jugé difficile par certains d'entre nous, a vivement intéressé et suscité un débat animé et très personnel car, bien sûr, le projet de l'auteur n'est nullement d'asséner une vérité ( qu'il ne prétend d'ailleurs pas détenir) mais, de son propre aveu, de faire réfléchir sur " la difficulté et la possibilité de croire" ( en Dieu).

Pour conclure, la nouvelle formule a donné satisfaction car elle permet des échanges plus approfondis. Merci à tous pour la qualité de la participation; Avec tous nos voeux de bonheur de lecture.

 

Compte-rendu de la rencontre du 15 mars 2006 , par Josette Mathiot

Pour la seconde période de notre année de lecture, nous avions choisi un récit autobiographique et deux romans. Ils ont été diversement appréciés, c'est la règle du jeu!

"Grand-père", de Marina Picasso évoque les souvenirs d'une des petites-filles du grand peintre dont tout le monde connaît le nom. Le moins qu'on puisse en dire, c'est que l'homme Picasso n'en sort pas grandi! Rappelons tout de même que ce récit a été écrit par un "nègre"; autre réticence: Picasso n'est plus là pour se défendre, à supposer d'ailleurs qu'il l'ait voulu, et rien n'est moins sûr. En effet, Marina le dépeint, dans la dernière partie de sa longue vie, comme coupé de la réalité par l'obsession de son oeuvre et par sa dernière épouse, qui faisait obstacle à tout (y compris la famille) ce qui pouvait déranger " le maître".

Le portrait devient féroce quand elle évoque son père et son frère, détruits par cet homme qui apparaît presque monstrueux à force de mépris, d'égoïsme et d'avarice.

Le milieu qui gravitait auour du peintre est décrit avec la même sévérité: des gens souvent serviles, hypocrites, croyant gagner dans sa fréquentation une once de son talent quand ce n'était pas des miettes de sa générosité car Picasso, si pingre avec sa famille, se montrait grand seigneur avec ses amis et avec ses admirateurs.

Marina a de nombreux comptes à régler, vous l'aviez compris, et au terme d'une longue analyse a reconstruit sa vie sur l'aide apportée aux autres. Elle a tenté aussi d'excuser l'homme par le peintre, dont l'énergie créatrice écrase tout sur sa lancée.

Changement total de genre, de ton et de sujet avec "Le théorème du perroquet", roman où Denis Guedj a l'ambition de retracer l'histoire des mathématiques par le biais d'une fiction à énigme.

Les avis sont réservés sur la réussite de l'entreprise. L'aspect ludique n'est pas toujours convaincant, l'énigme s'essouffle, et surtout, à moins d'être soi-même un bon mathématicien, on est bien obligé de sauter certains passages où l'auteur nous mène sur les rivages périlleux des mathématiques les plus complexes.

Des avis positifs ont été émis, malgré des réserves, jugeant intéressante l'histoire des idées retracée par l'auteur. Vous saurez tout sur le théorème de Thalès, même ce que vous ne vous étiez jamais demandé... Certains passages ont été appréciés pour leur humour: la visite à la pyramide du Louvre et l'affluence des touristes japonais pour écouter en français, langue inconnue d'eux, un cours de géométrie, est un moment de cocasserie qui peut consoler ceux que les maths ont toujours rebutés! Bref, après cette lecture, on se sentirait presque des regrets d'avoir séché le cours de maths!

Sylvie Germain avec " La chanson des mal-aimants", n'a pas non plus fait l'unanimité dans notre groupe.

Victime d'un éreintement en règle de la part de certains ( trop de malheurs, trop d'invraisemblances, du misérabilisme), d'autres ont apprécié la beauté du style, des évocations magnifiques, des moments de tendresse. Et si cette histoire, sans concession à la sentimentalité, était celle d'une femme qui est la victime, le témoin, et , en fin de compte, le porte-voix des malheurs de notre temps?

Liste des livres choisis pour l'année 2007/2008

1er trimestre La femme du 5ème Douglas Kennedy Belfond
  L'élégance du hérisson Muriel Barbery Gallimard
  La petite-fille de Monsieur Linh Philippe Claudel Poche
       
2ème trimestre Chaque jour est un adieu Alain Rémond Points
  Le capitaine des pénitents noirs A. Ponson du Terrail Rapapéou
  Je vais bien, ne t'en fais pas Olivier Adam Pocket
       
3ème trimestre Zoli Colum Mac Cann Belfond
  Une ardente patience Antonio Skarmeta Points
  Attentat à Aquae Sextiae Jean d' Aillon Labyrinthes
       

Réunion de lecture du 19 décembre 2007

"L'élégance du Hérisson" de Muriel Barbery.

C'est le livre le plus apprécié pour son style enlevé, drôle, insolent parfois; pour l'originalité de son dispositif de narration alternée ( récit à deux voix); pour le pittoresque de ses principaux acteurs: une concierge cultivée qui cache bien son jeu, une adolescente riche, surdouée, qui observe sa famille d'un oeil critique, un Japonais très fortuné, amateur d'art.

Si les chapitres n'offrent pas tous le même intérêt, il faut noter la qualité de l'écriture et les nombreuses références littéraires et artistiques qui s'intègrent sans ostentation au récit.

Agrégée de philosophie, l'écrivain Muriel Barberry, dont le mari est psychologue, est fascinée par le Japon mais vit en Normandie. Des morceaux extraits de" L'élégance du hérisson" sont lus:

-"En ville, ce sont les chiens qui tiennent les maîres en laisse..."

-Lorsque la maladie entre dans un foyer, elle ne s'empare pas seulement des corps, mais elle tisse entre les coeurs une sombre toile où s'ensevelit l'espoir".

Certains passages concernant les chats ou la vieillesse ont été évoqués:

- pensée profonde n°8: " Si tu oublies le futur, tu perds le présent".( p. 133 à 137)

- pensée profonde n° 13: " Qui croit pouvoir faire du miel sans partager le destin des abeilles?"

"La petite fille de M. Linh" de Philippe Claudel.

L'auteur a publié en 2007, " le rapport de Brodeck" - " goncourable " comme " L'élégance du hérisson".

Ce conte mélancolique sur l'exil et l'amitié met en scène un vieil homme qui a fui son pays en guerre et se retrouve dans un pays d'accueil dont il ignore tout. Seul rescapé de sa famille avec sa petite-fille qui est sa seule raison de vivre, il se retrouve dans un foyer. Son quotidien est bientôt transformé par la rencontre avec un gros homme pétri d'humanité. La fin de ce récit émouvant est si surprenante qu'elle ne saurait être dévoilée.

Morceau choisi sur la source miraculeuse qui donne l'oubli des mauvaises choses:

"...là où nous devons aller quand nous sentirons venir notre mort, dit M. Linh.

- Nous avons encore le temps , lui répond son ami M. Bark , en riant."

"La femme du 5ème" de Douglas Kennedy.

Il se lit bien, comme un livre de vacances pour se détendre; en dépit de la qualité du travail de l'écrivain et de son imagination, certains ont regretté la fin. Ce livre n'est pas jugé le meilleur de D. Kennedy; plusieurs ont préféré " La poursuite du bonheur" que les participants se feront passer.

Prochaine réunion: le mercredi 17 mars 2008, à 9h30, chez Nicole Bertrand.

Compte-rendu de la réunion du 10 juin 2008, par Josette Mathiot

Commençons d'abord par un mot de remerciement à l'intention de Juliette qui nous a reçus comme des princes. Au menu, repas façon " auberge espagnole", boissons diverses et une" super attraction", l'orage en son et lumière!

Nous avons pris une bonne résolution: ne jamais changer les dates de rencontre retenues par le groupe ( sauf crues ou catastrophes du même genre!). Qu'on se le dise!

Avec Zoli, tout d' abord.

Colum Mc Cann nous invite à découvrir les modes de vie et de pensée d'un peuple éloigné de nos conceptions. Ce roman, écrit par un Irlandais vivant à New-York, est tout à la fois un pan de l'histoire souvent tragique des Tsiganes en Europe orientale et un beau portrait de femme.

L'histoire de Zoli et de son grand-père se scelle à partir d'un évènement fondateur : victimes de la persécution raciale, tous les membres de sa famille et de leur clan périssent, noyés dans un lac gelé, sous la glace que des miliciens fascistes ont fait fondre. Nous suivrons alors ces deux survivants dont le destin est lié étroitement à l'histoire du XXème siècle.

Zoli, l'héroïne, deviendra une femme libre et une artiste, tiraillée entre son attachement aux traditions de son peuple et son désir d'émancipation. Partagée entre une culture apprise, celle de l'écrit - car son grand-père, bravant les interdits de son groupe, a choisi de la faire aller à l'école - et la culture de son peuple, fondée sur l'oral.

Un périple vers "l'ailleurs" d'une époque, d'une communauté, d'une culture, servi par un style jugé étincelant par certains....

Lucius, le héros d' "Attentat à Aquae Sextiae", marche beaucoup, chevauche tout autant. Avec lui, au fil de ses aventures, parfois un peu difficiles à démêler, nous partons à la découverte d'une ville que nous pensions connaître. le mérite de l'auteur, Jean d'Aillon, Aixois lui-même, est de recréer pour nous, dissimulée par les constructions successives, cachée dans les caves, ensevelie sous le béton des parkings ou le revêtment des rues, l'Aix antique. Grâce à son érudition, nous nous promenons dans une ville gallo-romaine du 1er siècle de notre ère.

Et la promenade, même si elle demande l'effort de se familiariser avec des notions nouvelles et des personnages nombreux, est récompensée par l'intérêt de la découverte.

Une ardente patience est un roman où Antonio Skàrmeta évoque ( immortalisée au cinéma dans " Le facteur") la relation qui se noue entre le grand poète chilien Pablo Neruda et un jeune facteur. L'auteur confie, dans une interview, avoir mis de lui-même dans ce jeune facteur qui séduit une femme grâce à la poésie d'une autre.

Mais, à coup sûr, le film ne dispense pas de lire le livre. Il nous enchante par son mélange de tons, passant de la cocasserie du début à la gravité de la fin, où sont évoquées la mort proche de Neruda et la fin de l'espoir semé par l'élection d' Allende. Il est aussi un vibrant hommage à la poésie de Neruda ( Skàrmeta a écrit des études appréciées sur le poète).

Quant au titre, il s'inspire d'un vers d'Arthur Rimbaud avec lequel Neruda a fini son discours lors de la remise du prix Nobel: " Ce n'est qu"au prix d'une ardente patience que nous pourrons conquérir la cité splendide qui donnera la lumière, la justice et la dignité à tous les hommes. Ainsi, la poésie n'aura pas chanté en vain" . Trop optimiste?